samedi 25 avril 2009

11 000 licenciements

11 000 pertes d'emploi en Belgique depuis le 1er janvier dans le cadre de licenciements collectifs titre Le Morgen de ce mercredi. Autrement dit, ce chiffre, déjà sombre en-soi, ne comptabilise pas les licenciements individuels, le non-remplacement de départs à la pension... pas plus qu'il ne peut à lui seul rendre compte de la fragilisation d'entreprises théoriquement saines, mais dont le système financier peine à alimenter la trésorerie ou permettre les investissements. La crise sociale et économique est bien là, et admise par la presse, certes de gauche, mais aussi.... de la partie encore la plus riche de notre pays.

Quasi simultanément, le Fonds Monétaire Internationale remet ouvertement en cause l'optimisme des chefs d'État récemment réunis dans le cadre du G20. Non, la croissance ne repartira pas "naturellement" si elle est seulement accompagnée de mesures cosmétiques telles que l'adoption de chartes d'éthique des marchés. Une intervention massive et concertée des États pour soutenir l'investissement des entreprises et la consommation des ménages est nécessaire sans qu'elle puisse garantir une sortie rapide du tunnel loin de là. Le discours du "Tout ira bien en 2010" relève de la méthode Coué. Les analyses du FMI, qui ne passe pas pour une pour une organisation d'extrême gauche, sont édifiantes et je vous invite à en lire le texte en suivant ce lien. (voir aussi les autres rapports récents, lisibles et instructifs du FMI sur le même site)

En d'autres mots, non seulement il est douteux que l'on puisse assainir l'économie polluée par le capitalisme financier d'un coup de baguette magique, mais une longue période s'ouvre au cours de laquelle la vigilance des progressistes s'impose. Faute de cette vigilance, la dégradation économique sera utilisée cyniquement pour justifier la rigueur sous la forme d'une précarisation des conditions de travail des uns et introduire des réformes fiscales privilégiant l'intérêt des détenteurs d'un capital qui continuera à être joué au casino de la finance internationale plutôt qu'investi.

Le dernier budget du gouvernement travailliste, déposé cette semaine par A. Darling, montre la voie en cherchant à réaliser un équilibre entre l'imposition des nantis et une sélectivité accrue des investissements publics. Reste que la popularité de la culture antifiscale diffuse par le néo-libéralisme anglo-saxon depuis les années 1970 constitue un frein à l'audace. En Belgique, il semble que la seule imposition des montants qui échappe à l'impôt pour des motifs de fraude fiscale mettrait sous perfusion notre modèle social sans égratigner salariés et indépendants... Au cours d'une conférence à Lessinnes, la secrétaire générale de la FGTB, Anne Demelenne a insisté dans ce sens et a fait des propositions concrètes d’imposition plus juste. Celle-ci passe par une diminution de l’impôt pour les faibles revenus et une augmentation progressive de l’imposition en fonction des revenus. Cette mesure permettrait à augmenter les recettes de l’État. Avec des recettes supplémentaires, il serait possible de permettre une réduction du temps de travail en gardant le même salaire et en engageant pour compenser cette réduction. En plus d’obtenir un impôt plus juste, cette double mesure permet de diminuer le taux de chômage. Et qui dit travail, dit confiance, donc relance de l’économie. CQFD.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire